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« Attirer stratégiquement l’attention »
Le groupe de réflexion britannique Social Change Lab a publié en février un rapport intitulé Making a scene and making sense (« faire un cirque sensé ») montrant que les actions les plus sensationnalistes et les plus absurdes en apparence, comme l’interruption de pièces de théâtre ou la dégradation d’œuvres d’art, sont celles qui attirent généralement le plus l’attention médiatique et conduisent à stimuler les dons.
Les activistes pour le climat ou les droits des animaux recourent toujours plus à des tactiques provocantes visant des institutions culturelles ou des manifestations sportives. Il semble souvent difficile de comprendre le pourquoi de telles actions, qui répondent à une « logique d’action basse » : en d’autres termes, il n’existe qu’un lien ténu, si tant est qu’il y en ait un, entre ces actes et les buts ou les revendications du mouvement.
L’étude analyse les effets de ces tactiques controversées à deux niveaux : la couverture médiatique des protestations et le soutien actif, mesuré à l’aune des dons reçus par les groupes disruptifs.
Les résultats de l’enquête révèlent qu’une logique d’action basse associée à de fortes perturbations est corrélée positivement à une augmentation aussi bien de l’attention médiatique que du soutien actif. Une analyse de médiation suggère que cette hausse s’explique avant tout par la couverture médiatique. En vérité, plus un acte de protestation semble absurde et dérangeant, plus les médias en parleront, ce qui conduit à un afflux de dons.
Bien que des recherches plus approfondies pour comprendre les potentielles répercussions négatives sur l’opinion publique s’avèrent nécessaires, l’étude montre que l’idée répandue selon laquelle des tactiques absurdes et dérangeantes porteraient préjudice aux mouvements sociaux n’est pas entièrement fondée.
Mouvements pour le climat dans le monde
En Allemagne, la Dernière génération s’appelle désormais la Nouvelle génération, devenant un collectif de résistance
Le collectif climatique « Dernière génération » fait peau neuve et s’appelle désormais « Nouvelle génération ». Comme le confirme l’activiste Raphael Thelen au Spiegel et au ZEIT ONLINE, il s’agit d’une évolution, avec des méthodes et des objectifs nouveaux.
Au centre de la réforme se trouve le projet « Parlement des humains », un réseau de conseils locaux visant à renforcer la participation démocratique au niveau local. Un rassemblement national de ces conseils est prévu à Berlin en automne. L’objectif est de former une Allemagne miniature, c‘est-à-dire un conseil de société représentatif qui ne traitera pas uniquement les questions climatiques, mais aussi le déficit démocratique.
Le nouveau mouvement critique en particulier l’influence d’intérêts économiques sur la politique. « Le dysfonctionnement de notre démocratie est au cœur des crises », affirme Thelen. La Nouvelle génération ne souhaite donc pas uniquement se battre pour la crise climatique, mais aussi réformer les structures démocratiques.
Cinq activistes de la Dernière génération accusés d’association criminelle
Le Parquet général de Munich a accusé le 28 février 2025 cinq membres de la Dernière génération d’association criminelle. La qualification d’actes de désobéissance civile pacifiste en tant qu’association criminelle contrevient aux normes internationales relatives aux droits humains.
Pour cette raison, cinq rapporteuses et rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont adressé au gouvernement fédéral une lettre commune dans laquelle ils et elles critiquent vivement les poursuites ainsi que la démarche des organes d’enquête. Ils et elles voient dans l’accusation d’association criminelle envers la Dernière génération un abus de sanction de la désobéissance civile et ainsi un danger pour la liberté d'expression, de réunion et d'association en Allemagne. Michel Forst, un autre rapporteur spécial des Nations Unies, qualifie cette forme de répression des activistes climatiques de « menace grave pour les droits humains et la démocratie en Europe ».
Nouveautés d’act now!
Plan 2025-2028
La campagne Renovate Switzerland a marqué le début de trois années d'aventures riches d’essais, d’erreurs, de réussites et d’expériences. Désormais, act now! entame une réflexion à long terme.
Après un travail minutieux et des discussions internes dans les dernières semaines, nous avons développé au sein d’act now! un plan pour les années 2025 à 2028. Cette planification inscrite au cœur du mouvement donne une direction à emprunter en énumérant les axes stratégiques principaux pour les trois prochaines années :
- sensibilisation et information ;
- développement de compétences internes et mise en œuvre de solutions alternatives au système ;
- confrontation du statu quo.
Divers projets gravitent autour de ces trois thèmes stratégiques, notamment une large campagne non violente, une école pour la non-violence et le changement social, un projet médiatique et un laboratoire pour des institutions démocratiques alternatives.
📆De plus amples informations seront fournies le mardi 27 mai à 10h30 lors d’une présentation en ligne de trente minutes suivie d’une séance de questions-réponses. Cliquez ici pour vous inscrire !
Répression grandissante même en Suisse contre les activistes du climat
Détention à domicile avec le bracelet électronique
Nicolas Presti, alias Nikoko, a été détenu à domicile avec un lien électronique de début avril à début mai. Il a été condamné à mois et dix jours pour avoir participé à deux actions de blocage non violentes dans le cadre de la campagne Renovate Switzerland. Il avait déjà effectué deux mois en prison l’année passée pour des actes semblables.
« Je ne suis pas surpris. Je me sens légitime à agir contre le réchauffement climatique et à pousser nos politiques à protéger la population. En tout cas, je me sens à ma place et j’ai le sentiment de remplir mon devoir d’activiste climatique. » Nikoko, 33 ans
Condamné·e·s pour le climat
Le 22 décembre 2023, Christian, Loutre et Riwal ont participé à un blocage de route au centre de Fribourg pour exiger un plan urgent de rénovation thermique des bâtiments. Ils et elle ont été appelés à comparaître au tribunal le 11 février 2025. Le Ministère public a exigé des milliers de francs de leur part sous la forme d’une peine pécuniaire, d’une peine pécuniaire conditionnelle et de frais de dossier et de procédure. Leurs avocates ont invoqué le droit international ainsi que la liberté d’expression et d’association. Mais la sentence est tombée en mars : coupables. Malgré une réduction de peine bienvenue (20 jours-amende au lieu de 45), les juges n’ont tenu compte dans les motifs de condamnation ni du droit international ni de leur situation personnelle ou des raisons qui les ont poussés à l’action.
De même que la détention à domicile de Nikoko, ce cas montre une tendance inquiétante : la réaction à l’activisme climatique est toujours plus virulente, malgré la multiplication des alertes des scientifiques sur le climat et des catastrophes climatiques. À Genève est ouverte une procédure de recours contre trois activistes d’act now!, placés pendant 28 heures en garde à vue après une action de protestation contre UBS, alors que deux d’entre elles et eux se contentaient de distribuer des tracts. Les activistes avaient été acquittés en première instance en vertu de la liberté d’association, mais le Ministère public remet désormais en question ce jugement.
C’est cette tendance que dénonce un rapport de l’ONU datant de début 2024. Le rapporteur spécial Michel Forst y critique la protection du climat déplorable en Europe et la répression croissante des activistes climatiques.
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